Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Nathalie Labarrière : « Je suis directeur de recherche à l’Inserm et responsable de l’équipe « Immunosurveillance anti-tumorale et immunothérapie ». Cette unité a été labellisée par l’Inserm, l’Université de Nantes et le CNRS en janvier 2022. J’en suis également la directrice adjointe.
J’ai commencé à travailler en 1990 sur l’immunologie des tumeurs à Nantes. En 1995, j’ai rejoint le groupe de Francine Jotereau pour développer des programmes de recherche en immunologie translationnelle, en étroite collaboration avec les équipes cliniques, notamment dans le domaine de l’immunothérapie du mélanome, avec le Pr Brigitte Dreno.
Depuis 2010, je dirige l’équipe dont les travaux ont conduit à plusieurs essais cliniques sur le transfert adoptif de cellules T chez des patients atteints de mélanome. Je suis l’auteur de 90 publications et de 6 brevets. Je suis aussi responsable de la plateforme de cytométrie de la SFR Bonamy et participe à plusieurs conseils et comités scientifiques dans le domaine de l’immunothérapie.
Qui constitue votre équipe ?
Selon les années, nous sommes entre 15 et 20 personnes (18 actuellement) : 3 chercheurs de l’Inserm, 5 enseignants-chercheurs,1 post doctorante qui prépare le concours de l’Inserm cette année, 4 ITA (techniciens, ingénieurs, administratifs…), 5 doctorants. Sans compter des étudiants en master 1 et 2 (au moins 2 à 3 par an).
Sur quel projet de recherche contre le cancer travaillez-vous ?
Nos projets visent à élucider les mécanismes impliqués dans la régulation des réponses immunitaires dans les tumeurs solides humaines, à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques, à développer et optimiser les stratégies d’immunothérapie anti-tumorale et anti-virale, et à identifier des marqueurs précoces de réponses à ces traitements.
Nos travaux sont organisés autour de 4 programmes principaux étroitement liés :
- La caractérisation des réponses T anti-tumorales dans les tumeurs solides (mélanome et cancer colorectal) ainsi que sur leur régulation au sein du microenvironnement tumoral notamment par les voies de signalisation des immune checkpoints et certaines voies de l’immunité innée dont l’inflammasome des cellules tumorales.
- La caractérisation d’antigènes spécifiques de tumeur, issus de mutations, de défauts des mécanismes de présentation/apprêtement antigénique ou de mécanismes de traduction alternatifs spécifiques de tumeur susceptibles de constituer de nouvelles cibles pertinentes pour l’immunothérapie anti-tumorale.
- Le développement et l’optimisation des stratégies d’immunothérapie et particulièrement des stratégies de transfert adoptif de lymphocytes T spécifiques d’épitopes tumoraux (mélanome et cancer colorectal) et viraux (HIV) en optimisant les fonctions lymphocytaires grâce aux techniques d’édition du génome.
- La recherche et la caractérisation de marqueurs précoces de réponse aux traitements d’immunothérapie par les inhibiteurs d’immune checkpoints.
Où en êtes-vous de vos recherches ?
Notre équipe travaille dans ce domaine depuis plus de 30 ans et nos travaux ont permis d’identifier de nouvelles cibles d’immunothérapie, notamment pour le mélanome.
Nous avons réalisé plusieurs essais cliniques d’immunothérapie, en partenariat avec l’équipe clinique de Brigitte Dreno, du CHU de Nantes.
Récemment, nous avons mis au point une technique de tri de lymhpocytes T spécifiques de tumeurs qui nous a permis de réaliser un essai clinique pour des patients porteurs de mélanome métastatique (essai Melsort).
Pour donner un exemple d’une échelle de temps pour aboutir à un essai clinique, il nous aura fallu plus de 10 ans avant d’aboutir à cet essai thérapeutique, passant par la caractérisation des cibles tumorales, la mise au point de la méthode de tri, la production au grade clinique des outils nécessaires et bien sûr la recherche des financements pour concrétiser chacune de ces étapes.
Qu’est-ce que ça change d’être « labellisée » par la Ligue nationale contre le cancer ?
La labellisation par la Ligue contre le cancer est tout d’abord une reconnaissance de la qualité des travaux effectués par notre équipe. Chacun d’entre nous y est particulièrement sensible ; cela donne un sens très concret à notre mission de recherche contre le cancer.
Cette reconnaissance permet aussi d’augmenter la visibilité de notre équipe et d’apporter un éclairage différent sur les résultats issus de nos travaux. Et bien sûr, le confort financier apporté par cette labellisation est inestimable. Cela nous permet de moins multiplier les demandes de financement pour consacrer toute notre énergie à faire avancer nos programmes de recherche. »